En Chine, cet art martial est généralement désigné par (écriture simplifiée) ou (écriture traditionnelle). S'il s'écrit de manière quasiment identique en traditionnel et simplifié, il n'est pas prononcé et transcrit de la même manière selon les régions et leurs dialectes :wingchun quán en pinyin mandarin, wing-chun kuen en Wade-Giles cantonais. Il est formé de 2 termes : (quan/kuen) qui signifie « poing, boxe » et du terme (wing-chun en cantonais) ; le nom complet est ainsi traduit par « boxe du wing-Chun ».
Le wing chun aurait été créé dans la province du Fujian en Chine il y a plus de trois siècles. L'histoire du wing chun était initialement transmise oralement de maître à élèves, plutôt que transcrite dans des documents. Il s'avère donc difficile de confirmer ou clarifier les différentes affirmations sur sa création. Certains auteurs ont cherché à appliquer les méthodes philologiques de la critique radicale aux récits oraux du wing chun et d'autres arts martiaux chinois. D'autres ont tenté de discerner l'origine véritable du wing chun par l'analyse de ses techniques. Les premières mentions de cet art martial dans des documents non contestés apparaissent seulement au XIXe siècle, à l'époque du maître Leung Jan (1826-1901), rendant son histoire ultérieure et les divergences des différentes branches plus propices à la vérification documentaire.
La légende rapportée par certaines traditions orales, rattache la création de cet art martial à une jeune femme nommée Yim Wing Chun, vers le XVIIe siècle, à l'époque de la destruction par le gouvernement Qing d'un légendaire Monastère Shaolin du Sud. Selon Yip Man, cette jeune femme aurait refusé la proposition d'un mariage avec un seigneur local. Pour faire accepter cette décision, Yim Wing Chun aurait été obligée de vaincre le potentiel mari dans un duel martial. Elle demanda alors à une nonne bouddhiste, Ng Mui, légendaire survivante Shaolin, de lui enseigner l'art du combat. Ce style, jusque là sans nom, permit à Yim Wing Chun de vaincre son opposant. Elle épousa par la suite un certain Leung Bok Chau et lui enseigna cet art martial, qu'il nomma par la suite wing chun, en référence au nom de son épouse.
Les recherches contemporaines tendent à confirmer que cette légende n'a aucun caractère historique. Plusieurs hypothèses existent : L'une d'elle relie la création du wing chun à des membres d'une troupe d'artistes d'opéra cantonais de la « Jonque Rouge », navigant dans le delta de la rivière des Perles3, reprenant notamment certaines armes ou techniques des bateliers hakka. Selon une autre hypothèse historique, Yim Wing Chun était une société secrète, en résistance contre l'envahisseur mandchou (dynastie Qing de 1644 à 1912). Le nom de cette société prenait ainsi le sens de rétablissement (« renaissance » ?) et de perpétuation (« éternelle » ?) de l'ancienne dynastie Ming. Ultérieurement, cette secte se serait déplacé en secret en jonque, au sein de la troupe d'opéra.
Au XXe siècle, la transmission du wing chun a souffert de la Révolution culturelle (1966-1976). Devant la montée en puissance des Gardes Rouges, de nombreux maîtres quittèrent le pays et se réfugièrent au sud de la Chine continentale, c’est-à-dire à Hong Kong (alors colonie britannique), Formose (Taïwan) et au Viêt Nam. De ce fait, dans les années 60, seule l'école à Hong-Kong de maitre Yip Man (1893-1972), une école à Foshan (Wing Chun Fat San) et une école taïwanaise existaient encore.
Les différents styles de wing chun se sont propagés ultérieurement, mais c'est le style de Yip Man qui domina largement par sa diffusion mondiale. Parce qu'il fut le premier maître à systématiser cet art et à l'enseigner à un large public dès les années 1960. Parce qu'il bénéficia aussi de la notoriété de son ancien élève Bruce Lee (1940-1973) devenu un acteur à la célébrité internationale. À Hong-Kong puis en Europe, son élève Leung Ting (1947-) favorisa encore la diffusion par une méthode d'enseignement structurée (système, uniforme, grades, diplômes). Notons encore Wong Shun Leung (1935-1997), Pan Nam (1911-1995) et Lo Man Kam (1933-) qui contribuèrent notablement au développement mondial du wing chun. Aujourd'hui, le wing chun est ainsi devenu un des arts martiaux chinois les plus pratiqués au monde, et il ne semble pas s'orienter vers une pratique sportive.
Il n'existe aucune organisation internationale contrôlant ou certifiant les lignées des différentes traditions, ou le contenu de l'enseignement dispensé. Les branches ci-dessous sont définies selon des publications détaillant les arbres des lignées (de maître à maître), sans classement particulier.
Quelques principes fondamentaux du wing chun :
Ses techniques de mains sont particulièrement efficaces pour le combat rapproché jusqu'au corps à corps sans aller au sol. Il s'agit du Chi Sao, les mains collantes. Les bras restent souples au possible en liaison avec une pression constante vers l'adversaire, quoi qu'il tente, ce qui permet de dévier et contrôler facilement les coups afin de protéger son centre (le méridien ?, renmai précisément), et de placer ses propres frappes à la moindre ouverture de garde de l'adversaire.
Les coups, donnés à faible distance, n'ont pas besoin d'être accélérés par la pratique interne du Qi Gong. Ceci consiste à donner une explosion de force interne d'une amplitude réduite après avoir touché la cible à faible vitesse. C'est tout le corps qui produit cette onde de choc, la détente globale du corps utilisé comme un fouet et l'addition des forces de toutes les articulations. Ces qualités sont travaillées dans toutes les formes, progressivement, jusqu'à en venir à réaliser le fondement du Qi Gong et de sa circulation dans les méridiens. Interne veut dire se maitriser soi-même et non pas maitriser son adversaire en premier.
Des techniques similaires existent pour les jambes que l'on désigne par les "jambes collantes", qui permettent d'éviter les tentatives de balayages et de projections adverses, elles permettent également de contrôler l'adversaire par une pression sur ses pieds et genoux. Remarquons la garde de face, jambes fléchies vers l'intérieur : c'était la tenue d'une brebis entre ses jambes pour la tondre sans qu'elle puisse s'échapper. La garde moderne occidentale en fente avant est par exemple une erreur qui dénature la tradition et la transmission. Au passage sur les jonques fleuries des canaux, le combat dans une barque oblige à un équilibre plus fort et des frappes uniquement de corps à corps, ce que le wing chun n'était pas et ne reste pas dans la tradition chinoise, plus interne dans l'enracinement de la garde, plus souple, plus liant. Le qi gong ?? du Shaolin traditionnel est perdu dans les écoles modernes occidentales.